Depuis 2011, Transcriptus assure la rédaction de comptes-rendus de réunions et de débats pour ses clients – entreprises, collectivités, acteurs publics et instances représentatives du personnel. Son fondateur et président, Emmanuel Kergosien, revient sur son parcours, sur son activité et sur ses projets.
Quelle est votre formation ?
Emmanuel Kergosien : À la base, j’ai une formation d’historien. Après une année d’hypokhâgne à Quimper, j’ai suivi des études d’Histoire dans plusieurs universités, pris une année pour travailler à l’étranger et voyager, puis obtenu un Master 2 à la Sorbonne. Ma spécialité était l’histoire contemporaine de l’Amérique du Nord.
Comment est né Transcriptus ?
EK : Tout en suivant mes études, j’ai enchaîné les petits boulots. Un jour, j’ai postulé pour un emploi dans un centre d’appel, mais le recruteur, en consultant mon CV, m’a suggéré autre chose : il cherchait quelqu’un pour transcrire le Procès Verbal de CSE et pensait que je m’en sortirais très bien. J’ai tout de suite accepté, et fait mes premiers pas chez un client spécialisé dans la logistique téléphonique. J’étais devenu rédacteur de débats… un métier que je n’ai pas quitté depuis !
Avec plusieurs années d’expérience en poche, rédacteur puis également coordinateur de l’activité rédaction dans deux entreprises, il me manquait quelque chose. Mes différents employeurs avaient un point commun : ils vendaient leurs services comme on vend des produits, de façon ponctuelle, sans service après-vente, sans mettre la relation client au centre de leurs préoccupations. Un rédacteur arrivait chez le client, enregistrait la réunion, rentrait chez lui rédiger le compte-rendu, et c’était tout. À mon sens, il était nécessaire d’évoluer, de proposer une prestation intellectuelle plus qu’un simple service, d’être au plus près du client et de la vie de son entreprise.
C’est là qu’est née l’idée de Transcriptus : de l’envie de donner au rédacteur un rôle beaucoup plus important au sein de l’entreprise, de personnaliser le service en instaurant le principe de récurrence des intervenants, et de mettre sur pied un service client réactif.
L’équipe de Transcriptus s’est beaucoup étoffée ces derniers mois. Comment l’activité a-t-elle évolué ?
EK : Depuis sa création en 2011, le développement de Transcriptus s’est fait par bonds successifs : d’abord des collaborations ponctuelles, de plus en plus nombreuses, puis des embauches pour répondre à une demande croissante.
Ces derniers temps, l’activité est marquée par une diversification des profils : nos rédacteurs ne viennent plus seulement de l’écosystème de la rédaction, mais aussi des médias, du monde culturel et académique… Leur présence tend à enrichir l’entreprise, à diversifier ses approches, à l’alimenter en compétences nouvelles.
Quelle partie de votre activité préférez-vous ?
EK : J’ai été rédacteur pendant plus de 10 ans, et j’ai toujours aimé ça. J’ai eu beaucoup de mal à lâcher mon dernier client : j’y suis allé toutes les semaines, quatre années durant. Certains élus me voyaient plus que leur conjoint ! Mais il a bien fallu avancer, car je devais me focaliser sur le développement de l’entreprise. J’ai dû m’interdire de rédiger !
Ce que j’aime le plus dans cette activité, c’est aussi ce qui m’a toujours motivé lorsque j’étais rédacteur. Le fait d’être intégré à la vie d’une entreprise, d’en saisir les enjeux économiques et organisationnels, de plonger dans la politique commerciale ou RH. Le fait d’être témoin de l’évolution de la société et de son organisation : la réalité économique d’une entreprise, les trajectoires individuelles, les grands changements structurels… On a parfois l’impression d’être une petite souris qui observe tout ce qu’il se passe, de l’annonce d’un projet à sa réussite ou son échec.
Je suis moins dans l’opérationnel désormais, mais ma position me donne l’opportunité de faire connaître ce merveilleux métier, d’encadrer des personnes qui s’investissent, de les aider à se développer.
Que valorisez-vous le plus chez vos collaborateurs ?
EK : Sans hésitation : l’authenticité. Je ne veux surtout pas de clones ou de robots. C’est sans doute plus facile à manager, mais sans saveur. J’attends de mes collaborateurs qu’ils apportent de la valeur ajoutée et qu’ils s’inscrivent dans une démarche de dialogue avec l’entreprise. Je m’efforce de chercher un chemin entre leurs attentes et besoins d’une part, et ceux de l’entreprise d’autre part, en tenant compte des enjeux de nos clients et du marché. C’est ainsi, tous ensemble, que l’on peut avancer.
Quelle est votre plus grande fierté ?
EK : Avoir réussi à bâtir deux choses en une :
- un partenariat stable et durable avec nos clients, que nous accompagnons comme des partenaires. Je ne suis là pour vendre ce qui m’arrange, mais pour répondre aux besoins de mes clients. Il m’est déjà arrivé de dire à un prospect qu’il n’avait pas objectivement besoin de nous et de ne pas vendre.
- un cadre sécurisant qui permet aux collaborateurs de se développer sereinement et de monter en compétence, dans un métier où la plupart des acteurs travaillent avec des partenaires ponctuels dans des relations sans lendemain, ou embauchent des « machines à PV » interchangeables.
Ca peut sembler idéaliste, mais je suis convaincu qu’avec de l’ouverture d’esprit et du travail, chacun peut y trouver son compte… même si ce n’est pas toujours la voie la plus simple !
Quel sera votre prochain challenge ?
EK : L’objectif à moyen terme est double : continuer à faire connaître notre métier tout en développant l’entreprise et en la structurant. Je suis très confiant pour l’avenir : quand je lis ce que disent de nous nos clients, nos prestataires, nos collaborateurs et nos partenaires, quand je vois combien leurs retours sont positifs, je me dis que nous avons tous les atouts pour cartonner.
Pour finir sur une note d’humour, auriez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?
EK : Tout le monde n’a pas une vision nette de notre métier. J’ai assuré mes premières réunions du CSE [comité social et économique] sous la houlette d’un secrétaire expérimenté – il devait être à quelques années de la retraite. Il était très compétent et j’ai appris beaucoup de choses à ses côtés. Il était toujours très aimable avec moi, mais je sentais qu’il n’était pas totalement conscient de la valeur de mon intervention. J’étais un « enregistreur augmenté ». Un jour, il a omis de nous prévenir d’une réunion et a dû en rédiger le procès-verbal lui-même. A la réunion suivante, son attitude avait changé du tout au tout : ayant dû s’y coller lui-même, il avait compris que la rédaction de débats est un vrai métier !
C’est un point fondamental que je tiens à souligner : la transcription de débats est un métier à part entière, qui mobilise de nombreuses compétences (expression, synthèse, culture générale…). La valeur ajoutée de Transcriptus, c’est d’accompagner nos clients au long cours en les soulageant de cette tâche complexe et exigeante… qui n’est pas aussi aisée qu’on pourrait le croire !